Entreprise de construction métallique de taille moyenne Tardy CM a intégré récemment une ligne combinée de perçage sciage de profilés de tous types du constructeur Voortman afin de répondre aux appels d’offres toujours plus exigeants en termes de prix et de qualité du secteur.

La société Tardy Constructions Métalliques est née en 1994 à l’initiative de quatre associés, tous issus du milieu de la charpente métallique : Vincent Bellagamba, actuel Président de la société, et Pierre-Yves Laval étaient détenteur du BTS en construction métallique et avaient acquis une expérience professionnelle dans différentes entreprises du secteur, tandis que les frères Tardy dirigeaient une société de montage de charpente métallique. L’objectif était de se positionner dans le domaine des bâtiments industriels et agricoles et sur les marchés publics, qu’il s’agisse constructions standards ou sur mesure. Depuis les débuts modestes, les ateliers n’ont pas cessé de s’agrandir pour atteindre 2900 m2 auxquels s’ajoutent 400 m2 de bureau et 382 m2 d’espace de stockage. Certaines de ces extensions ont été décidées afin d’accueillir des process complémentaires aux technologies de base de la construction métallique (perçage et sciage des profilés, découpe des tôles de forte épaisseur, assemblage) comme la peinture et le grenaillage qui sont devenus depuis quelques années des passages obligés pour se positionner favorablement sur les appels d’offres, d’autant plus que Tardy CM a été l’une des premières entreprises de la région à s’équiper de ces matériels. « Le grenaillage nous a apporté un grand confort de travail, puisque nous ne travaillons que de l’acier propre : tout ce qui est calamine, poussières est recyclé dans des big bags et ne traîne plus dans l’atelier. Par ailleurs, la qualité de la finition de nos peintures n’a plus rien à voir avec ce que l’on sortait précédemment ».

Devant le cœur de la ligne, Vincent Bellagamba de Tardy Constructions Métalliques et Maxime Dagbert de Voortman

Du manuel à l’automatisé

« Le marché régional est relativement concurrentiel » constate Vincent Bellagamba qui insiste sur le fait que la société s’appuie sur une organisation totalement intégrée, du commercial en passant par le Bureau d’Etudes qui emploie deux ingénieurs structure, l’atelier de fabrication, l’équipe de chantier de trois personnes dirigée par un conducteur de travaux. Vingt-cinq personnes travaillent de concert pour réaliser un chiffre d’affaires qui a oscillé ces dernières années entre 5,5 et 6 millions d’euros.

Les premiers investissements lourds de l’entreprise ont été consacrés aux chantiers (grue ou nacelle automotrice). Par contre, la fabrication s’est reposée jusqu’en 2010, année marquée par l’arrivée du premier banc de perçage et sciage à commande numérique « sur du petit matériel avec des scies manuelles ou semi-automatiques, tandis que le perçage était fait manuellement : nous tracions les aciers, nous les pointions et nous utilisions des unités magnétiques de carottage » se souvient Vincent Bellagamba. Le développement de l’activité de l’entreprise a imposé la transformation de la fabrication : « Il fallait que l’on passe à la vitesse supérieure et sans l’appui de ces machines, c’était inenvisageable ». En complément du centre de perçage sciage, l’entreprise s’est dotée en 2013 d’une table de découpe plasma à commande numérique.

Changement d’orbite

Prudente sur ses investissements, Tardy CM avait fait le choix d’un équipement d’occasion, qui, s’il était moins cher, était ancien. La partie perçage datait de 1991, même si elle avait été renumérisée et couplée avec la scie en 2004. Son âge important, avec l’usure mécanique et les pannes qui en résultaient, ainsi que l’incompatibilité grandissante entre les programmes créés dans les bureaux et la commande numérique sous Windows 2000, ont amené l’entreprise à réfléchir à son remplacement. Lors de ses recherches Vincent Bellagamba s’est également rendu compte du fossé qui existait entre la technologie de ce vieux centre et les machines les plus récentes. D’un côté, une tête qui réalisait les perçages sur les trois côtés avec un barillet de quatre outils, et de l’autre, des centres capables de percer en simultané sur plusieurs côtés avec un large magasin d’outils. Sans compter les autres avantages des machines modernes sur lesquels nous reviendront. Si l’on additionne une machine au coût d’exploitation de plus en plus important en raison des réparations toujours plus régulières et la différence de productivité et donc de compétitivité par rapport aux concurrents équipés de matériels plus récents, le nouvel investissement devenait impératif. Et cette fois, il n’était pas question de partir sur de l’occasion. Tardy CM consacra d’ailleurs un montant sept fois supérieur à celui de 2010 pour cette acquisition dernier cri : « Nous avons fait un remplacement, mais pour moi, c’est plus que ça. Nous sommes passés sur tout à fait autre chose. Ce fut encore plus spectaculaire que le passage des carotteuses au premier centre de perçage sciage » se réjouit Vincent Bellagamba. Le financement s’est fait avec l’aide de la région qui a simplifié le process d’obtention des aides du niveau européen au niveau régional.

Exemple de copeau produit sur la ligne Voortman

Productivité x 5

Le choix du constructeur s’est notamment fait après une visite en Hollande chez Voortman : « Nous avons été impressionnés par ce que nous avons vu et nous avons particulièrement apprécié leur philosophie : à la base, ils ne sont pas constructeurs de machines, mais constructeurs métalliques. Ils conçoivent leurs machines par rapport à des besoins de fabrication de charpente, ce qui donne des résultats aboutis et performants » justifie Vincent Bellagamba. Le projet a évolué au fil de temps : « Au fur et à mesure de la négociation, nous avons pu affiner la vision du processus que nous souhaitions mettre en place. Lors du déplacement chez Voortman, nous étions partis pour acheter le modèle en dessous. Nous avons eu une démonstration du fonctionnement de ce modèle et de la ligne basée sur la perceuse V631 que nous avons fini par acheter, et nous avons senti qu’il fallait partir sur le gros modèle » affirme Vincent Bellagamba. L’analyse de la production de l’entreprise sur les deux dernières années a permis de valider ce sentiment. Sa productivité a convaincu l’équipe de Tardy CM : elle s’appuie en effet sur des moteurs plus puissants qui tirent parfaitement partie de la séquence de perçage et arrachage de la matière permise par l’utilisation d’outils carbure. Chaque axe dispose d’un moteur indépendant de 40 kW et d’un chargeur automatique d’outils à 8 emplacements. De plus, le portique sait percer et marquer simultanément tous les côtés. « La combinaison des moteurs puissants et des outils carbure permet de travailler à basse vitesse avec un couple élevé pour pouvoir faire de l’arrachement de matière et non pas de l’éclatement de copeaux, ce qui permet d’être beaucoup plus rapide » confirme Maxime Dagbert, Responsable Commercial chez Voortman. Certes, la ligne perce et coupe, mais elle fait bien plus : elle fraise des trous ronds supérieurs au diamètre de l’outil et les trous oblongs, réalise des grugeages, des taraudages et elle marque les aciers, non seulement pour inscrire les références des pièces ou pour l’indication du point de centrage, mais aussi pour l’indication des éléments à souder sur les profilés, ce qui simplifie l’étape suivante de l’assemblage. Les erreurs sur les traits de constructions sont ainsi évitées. L’entreprise profite également des possibilités de la ligne pour marquer le centre de gravité du profilé, ce qui en simplifie la manutention pour les opérations ultérieures. Cette ligne fut la première de ce type installée par Voortman en France. « Ce que nous passions en une semaine sur l’ancien banc de perçage, nous le passons aujourd’hui sur la journée avec la ligne Voortman » apprécie Vincent Bellagamba.

Plusieurs critères complémentaires ont été pris en compte, et notamment celui de la capacité d’intégration du nouveau centre dans les locaux et de son positionnement par rapport au grenaillage. Jusqu’alors les profilés étaient amenés au centre en sortie de grenaillage via un pont roulant. Dans un souci de rationalisation, le passage du grenaillage au perçage sciage se fait dorénavant directement. Un bras qui se règle en hauteur automatiquement et une pince automatique qui s’adapte à tous types de profilés (profilés en I, profilés en H, profilés en U, plats, cornières, profilés en T, tubes carrés et tubes rectangulaires) assurent une préhension et une manutention optimales.

La ligne est programmée du bureau avec Tekla Structure qui assure tout le travail de conception et le pilotage des machines de l’atelier avec la prise en compte de la manipulation automatisée des profilés et de la gestion des zones tampons. Le portique de perçage dispose d’un système de mesure de la hauteur de l’âme et des ailes afin de prendre en compte les variations dimensionnelles du profilé à traiter. L’option éjection de chute automatique a été retenue afin de renforcer l’autonomie de la ligne lors du travail de nuit sans opérateur : en sortie de scie, les chutes sont aiguillées vers un bac spécifique et les petites pièces vers un autre bac.

Le constat est simple : un seul opérateur assure la totalité du travail, du déchargement de profils du camion, au grenaillage et au sciage percage. Cette très nette augmentation de la productivité a fait naître des besoins sur les traitements ultérieurs : des soudeurs supplémentaires ont été nécessaires et un besoin d’évolution de la cabine de peinture qui fonctionne avec un tempo plus lent puisqu’au-delà de l’application, vient le séchage.