Avec un cahier des charges qui faisait la part belle au confort des opérateurs en même temps qu’à la gestion des encours et à la productivité Albouy Equipement a fait phosporer plusieurs constructeurs avant de se décider pour une cellule laser Salvagnini.

« De plateaux en vallées, de gorges en rougiers, c’est un voyage dépaysant que vous ferez en Aveyron. Du plateau de l’Aubrac, verdoyant ou enneigé, aux terres pastorales du Larzac, vous traverserez des paysages vallonnés, encaissés, parfois insolites et de grands espaces. Une chose est sûre, vous en prendrez plein la vue ! » annonce l’office du tourisme aveyronnais. Ce département rural s’appuie notamment sur l’élevage de bovins et d’ovins, ainsi que sur la fabrication de fromages au lait cru dont le plus célèbre est le Roquefort. Si cet article débute comme un prospectus touristique, c’est que cet environnement est directement lié à l’histoire et à l’activité de l’entreprise familiale Albouy installée à Baraqueville.

Tout a commencé lorsque les jeunes frères Albouy (Gérard et Christian), à la fin des années soixante, entreprirent une formation à l’Aérospatiale à Toulouse. Elle présentait l’avantage de proposer un apprentissage des métiers du travail du métal en parallèle de méthodes de fabrication modernes. Les besoins de l’entreprise en personnel qualifiés étaient très importants et l’embauche était assurée aux apprentis les plus motivés. Gérard Albouy, fort de ses nouvelles compétences en chaudronnerie et soudure aluminium resta 4 ans à Toulouse. A son retour du service militaire, comme de nombreux célibataires, il fut repris dans le groupe mais muté à Marignane dans une usine dédiée à la fabrication d’hélicoptères, tandis que son frère était affecté à Tarbes.

Issus d’un monde rural, le mal du pays les taraudait et lors d’un passage dans leur région natale, ils apprirent que « le forgeron du village cherchait un jeune pour reprendre son affaire. Le samedi je voyais le vieil artisan et le mardi je démissionnais de l’usine… sans savoir ce que l’on allait faire. Il m’avait annoncé du travail pour 6 mois et en quinze jours nous avions tout fini. On ne travaillait pas avec la même allure » se souvient Gérard Albouy avec malice. Les frères prennent alors tous les travaux qui se présentent : s’ils ont l’avantage de leur assurer un revenu modeste, ils n’étaient pas envisageables sur le long terme en raison de marges trop faibles. La formation à l’Aérospatiale leur avait ouvert les yeux sur le potentiel d’une entreprise industrielle : ils décident d’abandonner le métier de forgeron à l’ancienne pour se concentrer sur des productions plus rémunératrices. Une des premières fabrications significatives qui allait décider de l’avenir de l’entreprise fut une mangeoire à tapis roulant commandée par un ami de la famille. « Nous avons ensuite réalisé un prototype de 3 mètres que nous promenions sur les foires agricoles » évoque l’entrepreneur. C’est ainsi que le marché de la mangeoire a démarré dans la région.

Devant la cellule laser Salvagnini : Fabrice Girardini de Salvagnini, Alexandre Albouy et Julien Drapé d’Albouy Equipements

Un laser qui dégrappe et qui range

Depuis la gamme de matériels pour l’alimentation et la traite des brebis et des chèvres s’est modernisée et élargie afin de répondre à la problématique, en apparence contradictoire, d’augmentation de la rentabilité et du confort pour les éleveurs tout en préservant le bien-être animal : mangeoires équipées de bandes transporteuses de 20 à 100 mètres en fonction de la longueur du bâtiment et de la taille du troupeau pour distribuer du fourrage ou de l’ensilage (méthode de conservation du fourrage par voie humide), équipements programmables pour l’alimentation en concentrés d’un ou plusieurs aliments en simultané en versions fixes ou mobiles avec une option de personnalisation des doses pour chaque animal, dispositifs variés de contention pour la traite adaptés à la taille des troupeaux (jusqu’à 35000 têtes). Tous ces produits sont adaptés aux demandes des éleveurs. Le service après-vente est assuré 24h/24, 7j/7 dans les départements limitrophes directement par Albouy et au-delà par les revendeurs. La société bénéficie d’une notoriété internationale et l’export (Europe, Chine, USA, etc.) représente aujourd’hui environ 20% du chiffre d’affaires.

Entre 2013 et 2018, la société a bénéficié d’une croissance soutenue avec un chiffre d’affaires passé de 4,5 à près de 10 millions d’euros et un effectif qui s’est accru de 33 à 48 salariés. Un nouveau bâtiment a été dédié à l’activité tôlerie afin de rationaliser les flux et gagner en productivité et confort de travail. Parmi les technologies intégrées à l’entreprise on notera la présence du pliage et du soudage robotisés. « L’entreprise a toujours été bien équipée dans une logique industrielle afin de nous permettre une diversification si l’activité agricole venait à baisser » fait valoir Alexandre Albouy, Gérant de l’entreprise. « Nous sommes une entreprise familiale sur un marché qui n’est pas à l’abri d’un problème sanitaire ou de la sécheresse, les variations des aides au monde agricole, sans compter les fluctuations économiques et nous faisons très attention à ce que nos investissements apportent quelque chose dans la durée ». C’est dans cette logique que la société a investi dans une cellule de découpe laser Salvagnini L5 avec une source fibre de 4 kW, couronnée par un magasin à 180 palettes dont l’installation s’est terminée en décembre 2018. Plusieurs options ont été retenues : le changement de buse automatique, le système de contrôle de la coupe APC2, le système de vision AVS pour une mise en référence de la tôle plus rapide et pour une grande précision lors de la reprise de pièces, ainsi qu’un boîtier déporté qui permet par exemple de déplacer le manipulateur ou la tête sans être à la commande numérique.

Exemples de réalisations d’Albouy Equipement : manège pour la traite des ovins (brebis) (Photo Albouy Equipement)

Le déclencheur de l’investissement a été « le recours à la sous-traitance car nous n’avions pas les capacités en découpe, pourtant automatisées, pour faire face à l’augmentation de la production » rappelle Jean-Luc Thubières, Responsable Achats d’Albouy Equipement. Fabrice Girardini de Salvagnini se souvient que « la veille technologique sur le thème du laser a commencé à être plus appuyée depuis 4 ans. » Et cette veille technologique est menée sans se limiter aux performances pures de la machine. Plusieurs problématiques ont été envisagées et en priorité celle des opérations de tri des pièces et donc de dégrappage, une activité avec de la pénibilité : « Nous avons les opérateurs, mais comme l’opération est fastidieuse, elle n’intéresse pas grand monde. Si la société tourne bien, c’est que nous avons un très faible turnover qui vient du fait que nous faisons attention au confort des opérateurs » se félicite Alexandre Albouy. Ce souci des conditions de travail s’est avéré primordial pour cet investissement car le goulot d’étranglement du dégrappage a été pensé en amont : « Beaucoup de clients qui ont investi sur les dernières générations de laser fibre et qui n’avaient pas forcément fait cette réflexion et donc pas acquis le dégrappage se rendent compte que la productivité de la machine rend très compliqué de trouver des opérateurs qui veulent s’en charger, alors que c’était quelque chose de communément admis avec les anciennes machines CO₂ » appuie Fabrice Girardini. « D’une tâche pénible, on est passé à quelque chose d’insupportable ». Et ce, d’autant plus que Albouy Equipement découpe à des vitesses vertigineuses.

Gestion des encours

Chaque commande est un croisement entre de la production en série et de la personnalisation avec des dimensions paramétriques en fonction du besoin du client, ce qui représente environ 8000 pièces différentes. Les pièces découpées en acier, inox et galvanisé existent dans plusieurs tailles. « Nous avons une multitude de références avec des tailles de lots de plus en plus petites » précise Jean-Luc Thubières. « De plus, nous sommes sur un secteur compliqué car les délais ne sont pas forcément respectés en raison de la météo ou des autres corps de métiers responsables de l’aménagement du bâtiment où nos équipements doivent être installés qui changent l’agenda des clients » complète Alexandre Albouy. Des fabrications peuvent ainsi être lancées tandis que la livraison et le montage risquent d’être retardées. La gestion des en-cours revêt donc un caractère essentiel afin de ne pas perdre de temps lors du déclenchement de la livraison. « Toutes ces contraintes nous ont amené à choisir une machine avec un magasin plus important. De plus, ce type d’investissement étant lourd, nous n’avions pas envie d’y revenir parce que nous aurions sous dimensionné ». A ce jour, le magasin est équipé de la moitié des 180 palettes possibles. « Un client qui était dans la même démarche qu’Albouy a rempli son magasin en 3 ans » appuie Fabrice Girardini. En marge de la gestion des palettes sur le magasin, la cellule dispose d’une zone de collecte sur l’avant de la cellule afin d’offrir une souplesse supplémentaire pour la récupération de pièces à l’unité ou de pièces disposées sur des piles plus hautes que celles du magasin (jusqu’à 400 mm) pour alimenter le robot de pliage.

Mangeoire ou bande transporteuse pour alimentation des ovins (brebis) (Photo Albouy Equipement)

Programmation simplifiée

Toutes les commandes sont saisies sur l’ERP par les commerciaux. Les données sont ensuite récupérées par les bureaux afin d’assurer la programmation de la cellule via la suite logicielle de FAO Salvagnini et son offre OPS de GPAO : « Depuis une trentaine d’années, Salvagnini a développé une solution de GPAO après s’être rendu compte que les clients avaient besoin d’une gestion de production pour les aider à tirer le meilleur parti d’installations automatisées. Et ce besoin s’est accru en raison de l’explosion des petites séries » rappelle Fabrice Girardini. Conjuguer petite série, optimisation de l’imbrication pour réduire des taux de chûtes et augmentation de la productivité est effectivement complexe sans une solution qui analyse le besoin de manière globale. La solution OPS est disponible selon plusieurs niveaux jusqu’à des versions très automatisées pour s’adapter aux besoins des clients. « Si on a des séries de 50 pièces différentes, chacune avec des quantités ou des matières spécifiques, toutes les informations sont directement renseignées dans le programme, sans avoir besoin d’aller les chercher à la main » explique Julien Drapé du Bureau des Méthodes qui nous a fait une courte démonstration de la simplicité d’utilisation de la commande numérique accessible en scannant le flashcode ci-contre. Précisons également que Salvagnini fournit des aides pour la fiabilisation du process de découpe et d’extraction sur les tôles de faibles épaisseurs.

Cette facilité de prise en main a été mise à l’épreuve dès la phase de sélection puisqu’au-delà de la visite chez des utilisateurs ou chez le constructeur l’équipe d’Albouy Equipement s’est déplacée avec une clé USB contenant des fichiers avec pièces complexes : « nous avons voulu tester avec nos pièces, plutôt que de voir des pièces bien réglées et programmées dans un show-room » recommande Alexandre Albouy.

Jean-Luc Thubières résume l’expérience : « Nous avons passé du temps à construire notre cellule et Salvagnini nous a donné l’avantage de la modularité au niveau de sa configuration. Nous disposons donc d’un outil performant avec une très bonne accessibilité ».

Vue générale de la cellule de découpe laser avec ses automatismes