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De nouveaux horizons pour le centenaire de FILTRES MONNET

23/01/2025
Alors que l'entreprise a fêté en fin d'année son centenaire entourée de ses collaborateurs et de ses partenaires, nous profitons de l'occasion pour en dresser le portrait.

La vie des entreprises centenaires ou plus âgées se répartit en deux catégories : celles qui sont restées sur leur métier d'origine et celles qui ont fait le choix de l'abandonner pour aller vers d'autres horizons. Filtres Monnet fait partie de cette deuxième catégorie.

Si la société fût fondée en le 12 décembre 1924 par Maria Pascal, veuve de François-Midol Monnet avec une activité de négoce de bois, ses enfants l'ont fait évoluer vers le secteur industriel avec une scierie, au départ pour assurer le débit de bois à destination de clients variés. L'essor des lignes de trains a amené l'entreprise plus précisément vers la fabrication des traverses de chemin de fer qui nécessitait, au-delà du débit, la réalisation d'opérations complémentaires comme le perçage. Afin de rendre la manufacture plus automatisée et productive il fût décidé de créer une machine adaptée à ce besoin : une entailleuse-saboteuse. Un atelier de mécanique fût créé à cette occasion afin de fabriquer ce nouvel outil de production, non seulement pour les besoins internes de l'entreprise, mais également afin de le commercialiser. Ces fabrications furent vendues à des clients français, mais aussi exportées en différents endroits du globe.

L'exploitation de cet atelier de mécanique générale a fait naître de nouvelles interrogations au niveau de l'optimisation de la filtration des liquides de coupe. Dans un premier temps, la société s'est appuyée sur des filtres d'origine italienne pour monter en 1954 une activité de négoce dans le domaine de la filtration.

Elle n'allait pas s'arrêter en si bon chemin, puisque des solutions imaginées en interne ont permis d'améliorer la filtration des huiles d'usinage et de créer une gamme qui intéressa suffisamment de clients industriels pour que ce nouveau département prenne l'ascendant sur l'activité historique de transformation du bois.

Petit à petit, tout le secteur bois fût abandonné, pour finir par l'arrêt de l'atelier de mécanique générale dans les années 90.

centenaire filtres monnet
Filtres Monnet a fêté son centenaire le 13 décembre accompagnée du personnel, ainsi que de clients et partenaires


Objectif : traiter le process global de filtration

C'est en 1990 que Gilbert Assier, prédécesseur de Stéphane Demin à la tête de la société, l'a intégré. Il en connaissait tous les aspects car il avait commencé sa carrière au Bureau d'Études avant d'en devenir Directeur Commercial, et enfin de la racheter aux descendants de François Monnet. Depuis cette date, la famille Monnet, après trois générations à sa tête, a définitivement quitté l'entreprise. Le nom de l'entreprise a d'ailleurs été modifié à cette occasion pour marquer sa spécialité exclusive : elle est connue depuis sous le nom de Filtres Monnet.

Gilbert Assier a mené deux opérations de croissance externe. La première était l'acquisition en 1994 de l'un de ses concurrents, Filtreri, suivie en 2003 par celle de Delta Process.

Elles sont réunies aujourd'hui sur un site unique et ont des rôles très complémentaires : « Filtre Monnet est un fabricant de machines, donc fait la partie centrale de filtration, toutes les pièces détachées, tout le matériel et Filtreri fournit tous les consommables de filtration : des rouleaux de non tissé, des cartouches, des poches, etc. tous les consommables de filtration que ce soit pour les machines Filtres Monnet ou pour d'autres » explique Stéphane Demin, Président.

La société gère toute la boucle du liquide de coupe, depuis la collecte après l'arrosage jusqu'à l'alimentation de l'arrosage des différents circuits avec des basses pressions, hautes pressions, en fonction du type de buse. Elle va même chez certains clients jusqu'à préconiser ou installer les buses elles-mêmes et parfois même à modifier la conception de la machine du client de façon que la circulation du liquide évite les zones de stagnation et qu'il y ait le bon débit, afin que l'ensemble des copeaux circulent correctement dans la machine et puis qu'elle soit évacuée sans qu'il y ait besoin d'intervenir pour nettoyer. Cette boucle complète comprend le relevage, la partie séparation, la filtration, la superfiltration et l'arrosage, que ce soit avec une centrale par machine ou en réseau centralisé. En complément, sont proposées des solutions de régulation thermique, qu'il s'agisse de chauffe ou de refroidissement, mais aussi de régulation de la concentration avec ajustement du pourcentage d'huile dans l'émulsion.

Et, Industrie du Futur oblige, des automates peuvent être installés pour assurer la surveillance du process et collecter des données. Cela ne concerne pas les configurations simples qui ne le nécessitent pas et sur lesquels le coût d'un automate serait rédhibitoire par rapport à la taille de l'installation et à la simplicité du traitement à faire. Pour les installations un peu plus complexes, le recours à l'automate se justifie. Il va permettre à la fois de gérer la séquence et toutes les régulations et tout le fonctionnement de la centrale. Mais il va permettre également d'enregistrer de la donnée, de faire des courbes sur les évolutions de température, des débits, de consommation, de différents éléments. L'entreprise cliente va pouvoir enregistrer toutes ces informations et, soit le tracer pour en sortir des courbes et faire de la surveillance de process sur l'automate, soit les communiquer vers l'extérieur et s'intégrer dans une usine 4.0 en se connectant à un MES et à tout l'environnement numérique qu'il peut y avoir dans l'usine. Il est à noter que la gamme de prestations est étendue, du traitement de la boucle du liquide de coupe pour une machine jusqu'à filtration centralisée : « Sur certains chantiers, nous allons jusqu'à faire le tuyautage dans l'usine du client entre l'unité centralisée et les différentes machines de la ligne. »

En complément de la gestion du liquide, Filtres Monnet s'est également intéressée au traitement de l'air avec des aspirateurs de brouillard d'huile, ainsi qu'à la prise en charge du copeau de façon à le séparer et l'essorer afin qu'il puisse être réutilisé : « L'air et le traitement du copeau sont deux branches un peu séparées. Après, lorsque le client a des besoins au-delà du liquide qui reste notre cœur de métier, nous allons intervenir sur ces postes-là aussi » confirme Stéphane Demin.

stephane demin gilbert assier filtres monnet
Une image qui témoigne des bonnes conditions de la transmission de témoin : Stéphane Demin et Gilbert Assier côte à côte à l'occasion de la fête du centenaire


Une organisation industrielle optimisée

La force de l'entreprise tient donc à son organisation qui s'appuie sur un savoir-faire de plusieurs décennies : « Nous concevons avec notre important bureau d'études et nous fabriquons nous-même. Nous disposons d'une conception modulaire : nous avons de nombreuses briques standards et, en fonction du besoin client, nous allons les assembler entre elles pour construire une centrale sur mesure et toutes ces briques, nous les fabriquons à 80% ».

Si certaines applications nécessitent l'intégration de modules spécifiques non développés par Filtres Monnet, l'entreprise se tourne alors vers des partenaires. De plus la société intègre des composants de fournisseurs reconnus comme Brinkmann Pumps, Grundfos, KSB ou Siemens.

Filtres Monnet a par ailleurs noué des partenariats avec des entreprises régionales, voire départementales de chaudronnerie qui fabriquent des pièces ou des sous-ensembles et des spécialistes du câblage électrique. « Notre cœur de métier c'est l'ingénierie et après c'est l'assemblage final, la mise au point, les essais » insiste Stéphane Demin qui donne l'exemple du câblage d'une armoire électrique : « à partir du moment où on a défini le type d'armoire, nous sous-traitons. En revanche, le programme de l'automate, c'est le cœur du process qui représente notre cœur de métier, nous le concevons. »

atelier filtres monnet
Vue d'une partie des ateliers de Filtres Monnet


Le sur-mesure, facteur de différenciation

Même si l'entreprise installe des assemblages récurrents, Stéphane Demin se félicite que « la capacité à faire du sur-mesure et de l'installation optimisée aux besoins du client est surtout un facteur de différenciation par rapport à beaucoup de nos confrères qui ne font que des sous-ensembles standards. Nous avons aussi les sous-ensembles standards, mais nous sommes aussi capables d'aller un peu plus loin dans l'optimisation et de répondre à des cahiers des charges pointus, ce qui nous positionne particulièrement bien sur un certain nombre de marchés, notamment l'aéronautique par exemple, où on peut avoir des clients qui ont des spécifications plus exigeantes ».

Filtres Monnet s'adresse à un panel d'industries très diversifié, même si l'automobile et l'aéronautique constituent une importante par de son chiffre d'affaires. Si le site de la société donne des exemples de clients prestigieux, elle travaille aussi avec tout le tissu de PME.

Et l'expertise acquise pour les problématiques de filtration les plus compliquées permet de résoudre les questions posées par des entreprises plus classiques qui rencontrent une difficulté sans forcément avoir un cahier des charges bien défini : « nous partons du diagnostic, nous faisons l'expertise, nous faisons la définition de ce dont le client a besoin pour résoudre son problème et puis nous sommes capables d'aller jusqu'à la mise en œuvre dans son atelier. Plus les entreprises sont petites, plus c'est important de les accompagner et nous mettons en avant notre capacité à comprendre le besoin du client et ses difficultés afin de les transformer en solutions concrètes et en cahiers des charges. »

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Exemple typique de l'activité Filtres Monnet : une centrale de filtration avec séparateur magnétique et filtre hydrostatique FMH


Des projets de développement

Stéphane Demin a repris l'entreprise en 2023 après 25 années passées chez un fabricant de machines. Comme Gilbert Assier, il possède une double expérience technique et commerciale : après des études d'ingénieur en mécanique, il fait la moitié de ma carrière comme responsable développement process technique et puis la deuxième moitié comme directeur développement de marché.

« J'ai eu l'envie de me lancer à mon propre compte et quand j'ai rencontré mon prédécesseur Gilles Assier qui m'a montré l'entreprise, le côté technique des produits machines, le type de clientèle industrielle, le type de process global depuis l'appréhension du projet initial, de la demande jusqu'au service après-vente, je retrouvais un petit peu tout ce que je connaissais en termes d'organisation et de flux à une échelle un peu plus petite que ce que je faisais avant et donc ça m'a paru me correspondre tout à fait. De plus, j'ai rencontré dans l'entreprise beaucoup de collaborateurs qui sont là depuis 15, 20, 30 ans, des gens qui sont des experts sur la partie process technique : il y avait en interne tout ce qui allait bien pour assurer la continuité et le développement. En fait, ça m'allait vraiment comme un gant » apprécie-t-il. Stéphane Demin s'est fixé deux objectifs prioritaires : le développement de nouveaux produits et l'export, qui est actuellement de l'ordre de 30%.

Le développement de nouveaux produits a pour objectif de dépasser le cadre strict de l'usinage pour aller sur des marchés qui ont des problématiques similaires comme celui du traitement de l'eau qui ne représente à ce jour qu'une petite partie de l'activité.

Pour l'export, Filtres Monnet s'est principalement reposé à ce jour sur l'accompagnement de clients qui ont une usine en France et qui souhaitent équiper leurs usines à l'étranger avec les mêmes solutions de filtration qui ont donné satisfaction, ainsi qu'aux installations de première monte sur des machines-outils de constructeurs partenaires.

« J'appelle ça de l'export tiré par notre clientèle et le but est de basculer vers un export plus proactif et d'aller toucher une PME locale sur un pays autre. Donc, il faut être plus présent localement pour pouvoir toucher ces marchés-là » précise Stéphane Demin. Et les premiers pas dans cette direction sont couronnés de succès : « aujourd'hui, on a un carnet de commandes record. Tous les anciens me disent que nous n'avions jamais eu un carnet de commandes aussi fourni. Donc je touche du bois pour que ça continue et puis on fait ce qu'il faut » conclut-il.
Arnaud VACHERAND
Editeur de Métal Industries et du site machine-outil.com