L'équipe de direction travaille d'arrache-pied pour faire d'Orange County Choppers (OCC) un fabricant de motos de renommée mondiale.
Sous la houlette du patron Paul Teutul Senior, alias « Senior » tout court, les commerciaux, les concepteurs, les opérateurs et les mécaniciens s'apprêtent à lancer la production d'une ligne de motos de série, destinées au nombre croissant de distributeurs OCC. Jusqu'ici, chaque moto était fabriquée sur mesure selon les spécifications du client. Cette nouvelle voie représente donc un bouleversement des méthodes de travail de chacun chez OCC. Mais c'est peut-être pour Jim Quinn, le responsable de l'atelier d'usinage, que s'annonce le plus grand défi.
«
C'est un challenge, sans aucun doute, reconnaît-il. Ça va rendre une partie de notre travail plus facile, mais dans l'ensemble, ça va surtout compliquer les choses. Tel que nous avons organisé nos machines, une fois la pièce fabriquée selon les spécifications, il suffit de charger le programme pour la reproduire à l'identique. »
Mais mobiliser des machines pour la production de série, tout en continuant de fabriquer des modèles uniques en respectant le calendrier de la série télé, n'est pas une mince affaire. «
C'est précisément là que ça se complique, poursuit Jim Quinn avec un sourire. Ça ne rate jamais : dès que je règle une machine pour usiner des roues de série toute la journée, paf ! il faut tout interrompre pour fabriquer un modèle spécial pour l'émission. »
Pour s'adapter à cette soudaine diversification de ses activités, l'équipe d'OCC à dû amorcer son expansion dès l'année dernière : la taille de l'atelier d'usinage a presque doublé. Paul le père et Mikey le fils, escortés d'une équipe vidéo complète, ont donc fait leur apparition dans les 93 000 m² de l'usine Haas Automation en Californie du Sud. Jamais à court d'une farce, ils ont jugé bon d'écrire leur nom sur les machines de leur choix. Jim Quinn et ses collaborateurs avaient évidemment coordonné l'expansion et suggéré les machines à acquérir plusieurs semaines avant le voyage vers la Côte Ouest des stars de l'émission. Mais le patron gribouillant « Celle-là est à moi ! » à l'impromptu lors de la visite de l'usine, voilà qui passe bien mieux à l'écran.
C'est ainsi que l'atelier d'OCC a commencé de s'étendre, quitte à annexer ce qui fut la zone d'entreposage dans les 2 800 m² de l'usine. Dans ce nouvel espace dédié à l'usinage viennent d'être installés une fraiseuse Haas Mini Mill, un tour d'atelier TL-1 et un centre d'usinage à broche horizontale EC-500 ? en complément des machines Haas qui tournaient déjà à plein régime : centres d'usinage à broche verticale VF-5/50, VM-3 et VF-2SS et tour SL-20.
En temps réel
«
L'un des points forts, c'est la compatibilité parfaite entre toutes mes Haas », affirme Jim Quinn. «
Un même programme fonctionne sur n'importe quelle machine. Je peux aussi utiliser les mêmes bibliothèques d'outils d'une machine à l'autre : l'outil deux est toujours pour le perçage, l'outil sept est une fraise en bout d'un quart de pouce, etc. Avec une telle interchangeabilité, on peut faire des merveilles. »
«
L'autre jour, il y a un ou deux mois, j'ai pu usiner simultanément des roues sur quatre de mes cinq fraiseuses, même sur la VF-2 [modèle plus petit, ndlr], poursuit Jim. Les motos ?à l'ancienne? du patron prennent souvent une roue arrière de 16 pouces, au lieu des roues 18 ou 21 pouces que nous mettons sur la plupart des nouveaux choppers. C'est là que j'ai eu une idée de génie : ?On va essayer sur celle-là !? Il ne m'était jamais venu à l'idée d'usiner des roues sur la VF-2, mais comme j'en avais quatre à fabriquer impérativement ce jour-là? Heureusement, la VF-2 offrait une capacité d'usinage suffisante pour la roue de 16 pouces, et même un peu plus. Je n'ai rien eu à changer dans le programme. Pouvoir monter les pièces comme ça et usiner toutes ces roues en même temps, c'est vraiment incroyable ! »
Toutes les machines Haas installées chez OCC sont en réseau, et chacune comprend un disque dur de 20 ou 40 Go auquel Jim Quinn peut accéder depuis son bureau. «
J'envoie les programmes depuis mon poste de travail via Mastercam, explique-t-il. Ensuite, je génère le code de commande numérique et je le distribue aux machines-outils. »
La finition impeccable des pièces qu'on voit à l'écran, OCC la doit au savoir-faire de Jim Quinn autant qu'à la souplesse de sa configuration réseau. «
Les tolérances de chaînage que j'utilise dans Mastercam progressent constamment. J'en suis aux alentours de cinq millions d'opérations. Du coup, les programmes deviennent extrêmement volumineux. Mais on ne pourrait rêver d'un meilleur fini. Les programmes étant trop gros pour tenir en mémoire, je crée la plus grande partie de mes programmes de roue et de surfaçage par DNC. Nos chromeurs et polisseurs sont vraiment contents du fini qui sort des machines Haas. »
Une nouvelle étape
Alors qu'OCC évolue vers la production de série tout en continuant la fabrication de modèles sur mesure pour la télévision, tout le monde doit multiplier les casquettes, y compris Jim Quinn : opérateur, concepteur, fabricant, ingénieur, assembleur et, bien sûr, vedette de la télé. Chacun fait un peu de tout.
« Eh oui, on a tous dû s'y mettre, confie Jim Quinn. Mais il y a un avantage : chacun connaît le produit bien mieux que lorsque nous étions spécialisés, toujours à faire le même boulot. » Selon lui, cette évolution était absolument nécessaire pour permettre à OCC de franchir la nouvelle étape. « Vu le genre de délais que nous devons tenir, il est évident que nous ne pouvons nous permettre les conflits du genre opérateur contre concepteur, explique Jim Quinn. Tout le monde doit travailler en équipe pour fabriquer les motos ; et nos systèmes aussi doivent être performants. Il faut donner à Paulie [Paul Teutul Junior, ndlr] ce qu'il lui faut quand il le faut, et à Senior ce qu'il veut, tout de suite ! »
Le père et le fils à la tête d'OCC, inutile de le préciser, doivent eux aussi faire face aux sévères exigences de la production quotidienne.
Il faut savoir ce qui se passe en coulisses pour apprécier à sa juste valeur l'approche très exigeante de Paul senior, et comprendre pourquoi rien ne l'exaspère autant que : « perte de temps ! » Par-dessus tout, OCC est une réunion de personnalités talentueuses, emmenées par l'esprit créatif de Paulie et Mikey Teutul. Et lorsqu'il leur arrive d'avoir un peu de temps à eux, ces deux-là se montrent tout aussi créatifs? dans le registre potache.
Ainsi, lorsque Senior reçoit sa commande de homards, protégés par de la glace carbonique, il a tôt fait de concocter une mini-bombe en mélangeant dans une bouteille hermétiquement fermée de l'eau et des cristaux de carboglace, pour la jeter à travers la porte de son bureau. Lorsque la bouteille atteint sa pression maximale, elle explose? tandis que Senior explose de rire. Et voilà le prolifique atelier d'OCC redevenu, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs, semblable à un champ de bataille. « The show must go on » !