Joel Micheneau a débuté son activité professionnelle comme soudeur. Curieux de nouvelles expériences, il voulut changer de métier, mais plutôt que de simplement changer d’entreprise, il a préféré en créer une. Son parcours démontre ses qualités d’entrepreneur.
Créée en 1991, l’entreprise
Micheneau s’est orientée vers la tôlerie fine et moyenne et ses premiers investissements ont permis l’acquisition d’une presse plieuse, d’une cisaille et d’une encocheuse Amada. Son champ d’action a depuis été étendu à la chaudronnerie, à la mécanosoudure et à la serrurerie. L’activité a depuis progressé régulièrement et a nécessité plusieurs agrandissements successifs en 1993, 1997 puis en 2001 pour arriver à 5300 m². Les accélérations les plus notables ont eu lieu en 1997 et en 2002, années qui ont vu le triplement de la surface pour atteindre 5300 m².
Ces extensions successives ont été rendues nécessaires par les investissements et embauches réguliers de l’entreprise : à ce jour 47 personnes sont employées par Micheneau, notamment dans l’atelier pour mettre en œuvre les différentes technologies maîtrisées par la société (le pliage avec 4 presses plieuses et une panneauteuse, 2 poinçonneuses, 1 laser, le poudrage). Dans sa recherche de réactivité, Micheneau vient d’installer une cellule robotisée équipée de deux robots utilisant chacun une technologie différente : la soudure par point avec deux pinces Aro et le soudage MAG avec une source Fronius.
La mise en peinture fut intégrée en 2000 par le rachat d’une entreprise spécialisée du secteur située à quelques kilomètres. Les conséquences de cet investissement ont été inattendues : «
Je pensais que nous allions réaliser des travaux de sous-traitance pour d’autres en plus de nos besoins. C’est l’inverse qui s’est produit : les nouveaux clients sont venus parce que nous avions la double casquette tôlerie et peinture. Elle tourne à ce jour à plein régime pour nos besoins internes » se souvient Joël Micheneau.
Un investissement dont l’importance s’est révélée stratégique : la chaîne de peinture qui assure l’autonomie et la réactivité de l’entreprise. (Photo Micheneau)
Ses principaux marchés se situent dans la production de mobiliers pour collectivités, de matériels aéroportuaires ou encore d’aménagement de véhicules spéciaux. Il s’agit de fabrications en petite et moyenne série, essentiellement en acier (2000 tonnes par an) mais aussi en aluminium et en inox, principalement en tôle (90%) et en tube (10%). Au-delà de son activité de sous-traitant, Micheneau est également fabricant de
tables élévatrices pour moto.
Le pliage est une des technologies essentielles dans l’entreprise et Joël Micheneau n’hésite pas à adopter des attitudes radicales pour faire face aux problématiques engendrées par ce process.
Un des exemples les plus criant est l’acquisition d’un robot de pliage en 2000. Son arrivée dans l’entreprise fut accueillie comme un soulagement car Joel Micheneau éprouvait des difficultés à recruter du personnel compétent. La cellule a rempli son rôle pendant quelques années mais, depuis, l’activité a nettement évolué et ses capacités de productions ne suffisaient plus à répondre à la demande.
Vue du centre de pliage Amada avec en arrière-plan le magasin à tôles auquel il va être prochainement connecté. (Photo Micheneau)
Réactivité en pliage
Au-delà de l’accroissement de la production, l’entreprise devait faire face à des délais de livraisons de plus en plus courts qui devenaient difficiles à gérer. C’est alors que plutôt que d’investir dans une presse plieuse supplémentaire, Joël Micheneau a préféré s’orienter vers un centre de pliage Amada en 2014.
Si l’objectif de l’entreprise était au départ de soulager les presses plieuses au profit de la panneauteuse, l’évolution favorable de ses marchés a amené une charge de travail conséquente et les taux d’utilisation des deux technologies sont très importants. Au-delà du marché des meubles pour collectivités qui comportent un grand nombre de pièces pliées en faible épaisseur et qui était la première raison de l’investissement dans le centre de pliage Amada, la machine absorbe aujourd’hui également d’autres types de production.
«
Le passage de la presse plieuse à la panneauteuse sur les pièces de mobilier nous a permis au minimum de doubler la productivité, et dans certains cas de la quadrupler » précise Joël Micheneau qui se félicite également du confort apporté aux opérateurs qui n’ont plus à manipuler les pièces à plusieurs reprises pour les positionner ou les retourner durant les phases de pliage.
L’acquisition d’une nouvelle technologie nécessite toujours quelques ajustements dans l’entreprise, que ce soit en amont où pour l’utilisation de la machine elle-même.
De gauche à droite : Rémi Martin d’Amada, Valérie et Joël Micheneau
L’entreprise retravaille systématiquement les fichiers fournis par les clients pour les corriger et les adapter aux technologies de l’atelier. Ce traitement préalable est nécessaire car chaque client traite la perte au pli différemment. De plus, des optimisations sont appliquées selon que la pièce passe au poinçonnage ou au laser, par exemple. Fort heureusement, le passage de la presse plieuse à la panneauteuse n’a entraîné pour la programmation que de rares modifications.
«
Nous avons commencé par utiliser la panneauteuse avec des outils standards et nous étendons progressivement son champ d’action, par exemple avec l’utilisation d’outils spéciaux dans le but de diversifier la production sur cette machine. »
La fiabilité de la machine, la facilité de la prise en main et la qualité des plis obtenus permet à l’entreprise de recourir, si nécessaire, à un opérateur qui n’a pas été formé spécifiquement au panneautage.
Ainsi, sans bouleverser les habitudes de travail, la panneauteuse Amada a parfaitement répondu aux objectifs qui lui étaient fixés et a, en outre, apporté à l’entreprise une réactivité et des coûts de fabrication qui ont été à l’origine de nouveaux marchés pour l’entreprise.
La prochaine étape est la connexion du centre de pliage au magasin automatisé de tôles, mais cette étape a été repoussée, le temps pour l’entreprise de maîtriser la dernière cellule robotisée de soudage bi-procédé qui vient d’être installée. Le dernier pari en date de Joël Micheneau.